
Séminaire doctoral et post-doctoral / Quelle actualité pour les années 1960 et 1970 dans l’art contemporain ?
dernière mise à jour : 31/10/2012Séminaire doctoral et post-doctoral
Quelle actualité pour les années 1960 et 1970 dans l’art contemporain ?
Organisée par Katia Schneller et Vanessa Théodoropoulou, membres associées à l'HiCSA
Les années 1960 et 1970 sont aujourd’hui historicisées et célébrées comme une période « mythique » en ce qui concerne le potentiel politique de l’art. Tandis que des expositions rétrospectives et des études académiques en proposent des bilans, depuis plus de vingt ans, des artistes ne cessent de s’y référer dans leurs œuvres, en les célébrant, discutant, citant, rejouant… Que peut-on comprendre de la convocation explicite ou implicite de ce passé dans sa charge politique ? S’agit-il d’une pure réification nostalgique de « gestes », ou bien peut-on envisager ce phénomène comme un moteur de renouvellement des sujets et des formes du politique ?
Organisé en partenariat avec l’université de Paris 1 Panthéon-Sordonne (Centre de recherche hiCSA), l’Ecole supérieure d’art et de design – Grenoble – Valence et l’Ecole supérieure d’art de Cambrai, ce séminaire vise à offrir un point de rencontre entre la recherche qui se développe à l’université et en école d’art.
Vendredi, 1er juin 2012, 16h00-18h00, salle AVD (1er étage INHA)
Quelle histoire de la performance les artistes proposent-ils en pratiquant le reenactement ?
Janig Bégoc est maître de conférences en histoire et théorie des arts visuels à l’Université de Strasbourg. Ses recherches portent sur l’histoire, la réception critique et l’historiographie de l’art corporel et de la performance. Elle a codirigé la publication de l’ouvrage La performance : entre archives et pratiques contemporaines (Presses Universitaires de Rennes, 2011).
L’espace, le temps et l’histoire dans les dispositifs de reprise de Marina Abramovic
La performance Imponderabilia, réalisée à Bologne par Marina Abramovic et Ulay en 1977, a fait l’objet d’une série de reprises en 2010 au MoMA, dans le cadre de l’exposition The Artist is Present consacrée au travail d’Abramovic. L’étude du dispositif de reprise de cette œuvre conduit à mesurer des écarts, et à interroger la valeur discursive de l’espace symbolique et idéologique défini par ces écarts, en tant qu’espace produisant et modelant un savoir. En étudiant l’évolution des dispositifs de présentation de cette action (contextuel, muséographique et médiatique), caractérisée par une occultation des objets (et par extension de la spatialité de l’œuvre) au profit de l’image (de sa temporalité), nous montrerons que le dispositif de reprise établi par l’artiste (au sens que lui ont successivement donné Foucault et Agamben) engage un processus d’historicisation qui, de manière paradoxale, réactive l’idéologie moderniste.
Lou Forster, étudiant en Master à l’EHESS.
Performance et dispositif partitionnel, le cas de Body Pressure (1974) de Bruce Nauman
Longtemps pensé sous la catégorie de l'immatériel, les performances pullulent en réalité d'objets. Soit qu'elles en produisent lors de leur réalisations (reste, documentation, témoignage), soit qu'elles en construisent pour se réaliser (partition, script, installation, décors, accessoires), les performances créent un réseau complexe d'acteurs qui participent à la construction et à la diffusion des oeuvres. Les enquêtes historiques menées depuis les années 1990 ont été marquées par la mise à jour de ces médiations très matérielles que les théories de la performance avaient jusque là exclue de leur objet. Elles nous obligent à inventer un nouveau cadre théorique dans lequel puisse coexister la performance au sens étroit d'activation performantielle et le réseau complexe de tout ce qui lui permet, par ailleurs, d'exister. Nous nous pencherons sur la performance de Bruce Nauman, Body Pressure (1974) et ses expositions récentes, pour penser les relations entre une performance et sa partition.
Vendredi 4 mai 2012, 16h00-18h00, salle AVD (1er étage INHA)
La postérité artistique des théories politiques des années 1960-1970
Valérie Mavridorakis est professeur HES d’histoire de l’art contemporain à la Haute école d’art et de design de Genève et chargée de cours à l’Université de Genève. Elle vient de publier Art et science-fiction : la Ballard Connection (éditions du Mamco, 2011). Ses recherches actuelles portent sur l’œuvre de Siah Armajani.
« Le Bien fait mal fait pas fait de Filliou est-il soluble dans le « Yes to All » de Fleury ? Du principe d’équivalence à l’approbation de principe. » Si l’œuvre de nombreux artistes aujourd’hui se réfère explicitement aux années 1960, qu’en est-il de l’héritage implicite de ces dernières ? Un héritage inévitablement transformé par le déplacement, dans le contexte actuel, de problématiques artistiques, sociales et politiques issues de ce moment. S’il ne cite, ni ne rejoue, ni ne s’appuie de manière avérée sur des précédents historiques, l’énoncé « Yes to All » de Sylvie Fleury n’en entretient pas moins une relation ambigüe avec certaines œuvres des années 1960, en particulier, peut-être, avec le Principe d’équivalence de Robert Filliou. A cet égard, il est révélateur des glissements idéologiques qui se sont opérés au cours des décennies passées.
Tristan Trémeau est docteur en histoire de l'art, critique d'art, professeur à l'Esba TALM, site de Tours et à l'ARBA-ESA à Bruxelles, chargé de cours à l'Université Paris 1. Il est l'auteur du livre In art we trust. L'art au risque de son économie (Al Dante/Aka, 2011).
"À propos de quelques actualisations récentes de la critique institutionnelle. Walid Raad vs Rirkrit Tiravanija". Dans la continuité de ses écrits critiques sur les fondations théoriques et les intentions politiques de l'esthétique relationnelle, Tristan Trémeau se propose d'approfondir une analyse des limites des actualisations des paradigmes de l'art critique des années 1960-1970 dans les années 1990-2000. En s'intéressant à l'exposition-performance Scratching on Things I Could Disavow. A History of Art in the Arab World de Walid Raad (2010), il avancera l'hypothèse d'une récente actualisation, complexe et nécessaire, de la critique institutionnelle, qui s'opposerait à une version pop-arty (comme le stigmatisa Hal Foster), en tout cas consensuelle et dépolitisée de cette critique, incarnée notamment par les dispositifs relationnels de Rirkrit Tiravanija.
Vendredi 30 mars 2012, 16h00-18h00, salle AVD (1er étage INHA)
Les paradoxes de l'historicisation des œuvres conçues pour défier leur re-présentation
Sébastien Pluot, historien de l’art et commissaire indépendant, enseigne l’histoire et la théorie des arts à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne et à l’Ecole Supérieure des Beaux-Art de Angers, où il dirige, avec Fabien Vallos, le laboratoire de recherche In Translation. Il présentera le projet Living Archives, un programme de recherche, d’exposition et de publication sur certains usages du document et de l’archive dans l’art contemporain, ainsi que l’exposition Anarchisme sans adjectif. Sur le travail de Christopher D’Arcangelo, 1975-1979 qu’il a organisée avec Dean Inkster en 2011 au CAC de Brétigny.
Les projets Living Archives et Anarchisme Without Adjectives : On the Work of Christopher D'Arcangelo, 1975-1979, ont en commun d'interroger les processus d'historicisation dont ont fait l'objet des œuvres qui défiaient les modes d'existence et de monstration classiques. La prise en charge de leurs expositions, présentations, représentations, traductions, interprétations soulèvent un ensemble de paradoxes qu'il sera question d'analyser.
Vendredi 16 mars 2012, 16h00-18h00, salle AVD (1er étage INHA)
Modalités, conceptions et politiques du travail artistique « en groupe ».
Véronique Goudinoux, maître de conférences en arts plastiques à l’université Lille 3, présentera les recherches menées dans le cadre de son HDR intitulée « Œuvrer à plusieurs : étude critique et historique ». En dialogue avec Vanessa Théodoropoulou, professeur d’histoire et de théorie des arts à l’école supérieure d’art de Cambrai.
V. Goudinoux : Œuvrer à plusieurs, étude critique et historique. Un postulat implicite veut que l’histoire des groupes d’artistes soit intimement liée à une exigence politique de libération ou d’émancipation, au sens que le siècle des Lumières puis les différentes théories politiques révolutionnaires, utopistes ou progressistes des XIXe et XXe siècles ont donné à ces termes. De même, l’histoire en cours d’écriture des expériences collectives des années 60 et 70 semble avoir conforté cette idée, qui trouve une nouvelle formulation dans les textes critiques portant sur les collectifs d’artistes contemporains. L’objet de notre intervention dans ce séminaire est de discuter ce postulat à partir d’une étude historique et critique de ces collaborations. Après avoir étudié les présupposés de leurs appellations (atelier, confrérie, colonie, association, société, club, mouvement, groupe, coopérative, collectif, etc.), nous tenterons de déterminer si le type de relations instauré par chacun de ces regroupements entre leurs membres relève ou non de cette visée émancipatrice.
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