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Séminaire doctoral / Mondialisation

dernière mise à jour : 21/11/2012

Séminaire doctoral « Mondialisation » / 2011-2012

l'HiCSA et le Centre Pompidou sont heureux de vous annoncer le programme du séminaire doctoral « Mondialisation » pour la deuxième année consécutive.

Fondé et organisé conjointement par des conservateurs et des universitaires, les uns travaillant au Musée National d’Art Moderne, les autres au sein de l’HiCSA (Université Paris I), le « Séminaire Mondialisation » se veut un lieu de recherches et de réflexions consacrées à la progressive mondialisation des relations et des créations artistiques depuis le milieu du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Il entend accompagner et favoriser les démarches muséales et scientifiques qui tendent depuis peu à écrire une histoire plus complète et plus détaillée de l’ensemble de ces phénomènes d’ouvertures et d’échanges mutuels entre différentes régions et cultures du monde. Il réunira, au rythme d’une séance mensuelle, des chercheuses et chercheurs, des doctorants déjà engagés dans cette démarche qui viendront exposer et discuter leurs travaux récents.

Séance 7 / le mardi 29 mai 2012 de 18h00 à 20h00 à la Bibliothèque Kandinsky.

Dagara Dakin y présentera : Art et identité culturelle, du dialogue entre centre et périphéries

Dans l'introduction de son livre intitulé L'identité culturelle en crise, le critique d'art Thomas McEvilley fait un court résumé de l'histoire de l'art occidentale à la fin de la période moderniste. Il en ressort que dans les années 1950 et au début des années 1960, époque qui marque « le dernier zénith de l'apogée du modernisme » la production artistique jugée digne de figurer dans l'histoire de l'art se limitait essentiellement aux peintures abstraites venues de Paris ou de New York, produites par « des artistes blancs mâles ». Dans les années 1960, les tendances artistiques telles que le pop art, l'art minimal, l'art conceptuel, et l'art de la performance, ont un peu atténué ce principe. Les années 1970, dites de l'ère du pluralisme, auraient quant à elles permis la cohabitation de divers styles et de manière plus marquante l'accession à la reconnaissance, pour la première fois, des femmes. Par la suite, progressivement, alors que le postmodernisme remettait en cause les frontières, le pluralisme stylistique des années 1970 débouchait sur un pluralisme géographique dans les années 1980. Il devenait alors possible selon McEvilley d'entrer dans l'histoire de l'art à partir de différentes régions du monde. Cependant, il était toujours préférable d'être un homme blanc occidental.

Toutefois, toujours d'après Thomas McEvilley, avec le phénomène de mondialisation des années 1990 - qui d'après le critique américain « repose sur la prise de conscience que l'histoire de l'art telle qu'elle fut jusqu'ici affirmée ne coïncide plus avec le monde dans lequel nous vivons » - ces exclusions prenaient fin.

Dans le cadre de notre contribution, nous nous demanderons si la fin de l'exclusion des artistes africains signifie le début d'un réel dialogue dans lequel les différences culturelles sont respectées ou au contraire la poursuite d'une politique hégémonique entreprise par l'Occident au moment de la traite négrière et poursuivie à la période coloniale. Nous mettrons en avant les contextes dans lesquels s'élaborent les discours identitaires dans le champ de la pratique artistique. Puis nous verrons quelles sont les propositions faites dans le but d'éloigner ces revendications du domaine des arts.

Séance 6 /  le mardi 24 avril 2012 de 18h à 20h à l’INHA (2 rue Vivienne, 75002, salle Mariette)

Pascale Ratovonany y présentera : La culture au service de la diplomatie : le partenariat culturel franco-sénégalais des années 1960 aux années 1980.

Dès 1959, le Sénégal participe, au sein de la Fédération du Mali, au projet d’une Maison des Arts dont l’une des missions est de « décoloniser les esprits et les cœurs ». Ce programme assigne donc une fonction avant tout politique à l’art, tout en évoquant la nécessité, malgré l’accession imminente à l’Indépendance politique, d’une décolonisation plus profonde touchant au savoir et aux mentalités.

Utiliser l’art comme un instrument d’unité nationale et de développement économique, mais aussi comme le moyen de construire une culture « universelle », reste au cœur de la politique culturelle du 1er Président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Il s’appuie, entre 1960 et le début des années 1980, sur un partenariat culturel entre la France et le Sénégal dont l’expression la plus éclatante est l’organisation du 1er Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar en 1966.

L’objectif de la présentation sera de montrer en quoi ce partenariat sert les intérêts stratégiques des deux parties – pour la France, opposer un contrepoids au déplacement de la sphère culturelle de l’Europe vers les Etats-Unis ; pour le Sénégal, s’affirmer comme une nation « moderne » et un leader panafricain crédible – tout en entérinant l’archaïsme de la politique culturelle française et la subordination du Sénégal vis-à-vis de la France. Nous examinerons également quelques cas de résistance, en France comme au Sénégal, à cette « diplomatie culturelle ».

Séance 5 /  le mardi 27 mars 2012 de 18h00 à 20h00 à la Bibliothèque Kandinsky

Anahi Alviso-Marino y présentera : Du soutien à la contestation à travers les arts visuels dans le Yémen contemporain

En février 2011, une partie de la ville de Sanaa est spontanément occupée par des « sit-inners » qui installent des tentes, décidant de ne plus les bouger jusqu’à ce que le régime tombe et que le président ‘Alî Abd Allâh Sâleh quitte le pouvoir. Cet espace nommé « Place du Changement » devient un sit-in de longue durée dans la vie duquel s’investissent aussi des artistes visuels. Sous les tentes, des peintres et des photographes mettent leur art au service de la cause révolutionnaire pour témoigner, dénoncer, et faire avancer les objectifs du mouvement de contestation qui parcourt le pays. Il s’agit d’usages de l’art transgressifs car ouvertement critiques, mais qui s’inscrivent dans une certaine continuité de l’art politique au Yémen. Les liens entre art et politique se tissent au Yémen depuis le début des mouvements artistiques dans un processus d’institutionnalisation de l’art, d’abord sous l’égide de la colonie britannique au Sud, ensuite sous les républiques indépendantes, socialiste au Sud et nationaliste conservatrice au Nord, et enfin pendant la période récente d’une unification où le modèle du Nord est pratiquement imposé à l’ancien Sud. Si l’art et les artistes se mettent d’abord au service de la politique par le biais de l’État, ces pratiques évoluent vers une indépendance progressive par rapport aux façonnages institutionnels. L’art et les artistes deviennent peu à peu autonomes, faisant de l’expression artistique un espace potentiel de lutte symbolique portant une critique sociale et politique d’abord « cachée » et détournée avant de devenir ouvertement transgressive.

Basée sur mon terrain de recherche depuis 2008 et jusqu’en mars 2011, j’étudie dans le cadre d’une thèse en sciences politiques, les liens entre art et politique. Je présenterai à l’occasion de ce séminaire, un avancement de mon travail de recherche qui porte sur la relation entre expression artistique et soutien et contestation à travers les arts visuels modernes et contemporains yéménites.

Séance 4 / le mardi 6 mars 2012 / 18h00 à 20h00 à l’INHA (2 rue Vivienne, 75002, salle Benjamin).

Morad Montazami y présentera : Le sixième continent ou le post-orientalisme.

À partir de l’installation vidéo de Jordi Colomer, Arabian Stars (2005, collection du Centre Georges Pompidou), réalisée au Yémen, nous interrogerons le concept de « sixième continent », afin de repenser les enjeux de l’identité, de la langue et de la culture à l’œuvre dans les dispositifs artistiques contemporains.  Autant de « frontières » sur lesquelles l’idéologie orientaliste avait assis son influence et que nous verrions aujourd’hui éclater, à travers une poétique du traductible. À ce titre, les sourires et gestes des enfants yéménites qui tiennent leur pancarte face à la caméra de l’artiste, s’expriment sur les « ruines » mêmes de nos propres idéaux politiques et esthétiques : nos habitudes muséales lénifiantes, la dépolitisation de la performance et des arts vivants, la perpétuation de notre rapport fétichiste à l’œuvre d’art.

Séance 3 / le mardi 31 janvier 2012 de 18h à 20h à la Bibliothèque Kandinsky.

Annabela Tournon présente: L’art latino-américain en question : débats esthétiques et politiques autour de la Xe Biennale de Paris

La Xe Biennale de Jeunes de Paris invite en 1977, cinq groupes d’artistes basés à Mexico au sein de la section « Amérique latine ». Cette participation provoque un conflit avec les autorités, notamment autour de la question d’une définition de l’art latino-américain.

La production des Grupos va apporter à ce débat des réponses concrètes, à inscrire dans le prolongement d’une réflexion déjà engagée par de nombreux intellectuels latino-américains.

Un retour sur ce cas méconnu de l’histoire de l’art mexicain permettra de s’interroger sur les rapports entre art et politique à partir d’une histoire du travail des artistes, notamment intellectuel. Il s’agira également d’ouvrir des perspectives sur ce que la mise en histoire de ces épisodes « décentrés » peut apporter à l’histoire de l’art.

Séance 2 /  le mardi 13 décembre 2011 de 18h à 20h à l’INHA (2 rue Vivienne, 75002, salle Mariette).

Sophie Cras présente :Un Conceptualisme Global? Cartographies de l’art conceptuel en quête de décentrement.

Depuis quelques années, et notamment à la suite de l’exposition Global Conceptualism, au Queens Museum of Art en 1999, un courant de la recherche récente s’est appliqué à dénoncer ce qu’il appelle une « hégémonie occidentale » sur l’histoire de l’art conceptuel. Pour ces auteurs, il s’agit d’abandonner un schéma structuré en termes de centres et périphéries au profit d’un panorama déhiérarchisé, qui mettrait en valeur des pratiques conceptuelles également réparties sur les cinq continents.

Cette revendication n’est d’ailleurs pas nouvelle : Seth Siegelaub, le grand marchand américain de l’art conceptuel, n’affirmait-il pas dès 1973 que ce mouvement artistique « fut probablement le premier à ne pas avoir de centre géographique » ?

Cet idéal de décentrement, présent au cœur de la naissance de l’art conceptuel à la fin des années 1960, et réactivé par les historiens de l’art actuels, comporte cependant un danger. En niant la dialectique entre centre et périphérie, il ne permet pas de rendre compte des inégalités géographiques structurantes pour les artistes de l’époque et pour leur reconnaissance historiographique.

Cette présentation se propose de montrer dans quelle mesure la construction de cartes de localisation permet de décrire et d’analyser ces dynamiques éco-géographiques. En confrontant les cartographies artistiques, elle présente l’artiste comme sujet contraint, mais aussi comme acteur de sa géographie.

Séance 1 /  le mardi 29 novembre 2011 de 18h à 20h à la Bibliothèque Kandinsky.

Yekhan Pinarligil y a présenté :Emergence d’une culture visuelle en Turquie, 1997-2010

12 septembre 1980. L’armée s’empare du pouvoir en Turquie par un coup d’état sanglant, mettant fin à une période de crise marquée par l’instabilité économique et les affrontements sociaux entre les partisans de gauche et de droite. La junte, qui dura trois ans, puis le gouvernement conservateur qui lui succéda, endurcirent les mécanismes de contrôle et de normalisation, instaurés lors de  la fondation de la République en 1923.

Les travaux des artistes ayant été enfants ou adolescent lors du coup d’état, reflètent les traces de cette période. Ils se concentrent autour du cadre fermé et imposé à l’individu, en définissant le possible et en distinguant le permis de l’interdit. Les artistes turcs et kurdes détournent les effigies du kémalisme, dénoncent les rituels imposés du nationalisme et déconstruisent le mythe du militarisme. Ils désignent dans le projet d’occidentalisation de la société, donné aujourd’hui pour une grande avancée positive, un progrès artificiel servant à motiver les masses en faveur du kémalisme. Les artistes démystifient la religion, désacralisant la famille qu’ils dénoncent comme une entreprise destinée à encadrer l’individu sous l’autorité patriarcale, alors que son corps, jusque-là géré par la structure sociale, se libère du carcan de l’hétéropatriarcat.

Attention : le musée étant fermé les mardis, vous serez accueillis à l’entrée du personnel (située à l’angle sud est du musée - entre la rue Beaubourg et la rue du Renard) à 17h55. Un seul accès collectif à la Bibliothèque Kandinsky étant possible, nous vous remercions de votre ponctualité.

Voir le programme pour l'année 2011-2012 ici.

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